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Comment Powell a profité de Jackson Hole pour donner des signes au marché
information fournie par Reuters 21/08/2025 à 13:40

Jerome Powell, président de la Réserve fédérale. (Crédits: Federal Reserve)

Jerome Powell, président de la Réserve fédérale. (Crédits: Federal Reserve)

Pour la dernière fois depuis sa nomination en 2017 à la tête de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell traversera vendredi le vaste hall du Jackson Lake Lodge pour se rendre dans la salle de bal et prononcer un discours devant les banquiers centraux du monde réunis en symposium.

Lors de ses sept précédents discours à Jackson Hole, dans le Wyoming, Jerome Powell a abordé toute une série de thématiques - de concepts économiques ésotériques à des leçons d'histoire de politique monétaire - et lancé des engagements, de soutien à l'économie pendant la pandémie de COVID-19 ou de lutte contre l'inflation dans les années qui ont suivi.

Mais chaque discours a aussi été l'occasion de donner, dans une certaine mesure, un aperçu sur la trajectoire à venir des taux d'intérêt aux Etats-Unis. C'est pourquoi son discours, vendredi à 14h00 GMT, sera suivi avec attention.

2018 : HAUSSES DE TAUX À VENIR

Pour son premier et plus long discours à Jackson Hole, Jerome Powell dévoile son approche de l'élaboration de la politique monétaire, axée sur le principe de "navigating by the stars" - une expression que les économistes utilisent pour désigner des concepts comme le taux de chômage naturel ou le taux d'intérêt neutre.

Il évoque aussi la trajectoire des taux d'intérêt, évoquant deux risques: celui de remonter trop vite les taux et de nuire à l'activité économique et celui d'aller trop lentement et d'entraîner une surchauffe de l'économie.

"Je vois la voie actuelle de hausse progressive des taux d'intérêt comme l'approche du FOMC pour prendre au sérieux ces deux risques", déclare-t-il.

Dans la foulée, la Fed, qui avait déjà procédé à deux hausses de taux d'un quart de point de pourcentage au cours du premier semestre 2018, procèdera encore à deux autres relèvements d'un quart de point de pourcentage d'ici la fin de l'année.

2019 : TRUMP 1.0 ET BAISSES DE TAUX

Dès 2019, les tensions entre Donald Trump et Jerome Powell, pourtant nommé par le président américain, apparaissent déjà au grand jour.

Dans son discours, Jerome Powell mêle à la fois leçon d'histoire et analyse des décisions de politique commerciale prises par Donald Trump lors de son premier mandat à la Maison blanche.

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Le patron de la Fed donne aussi des indices sur des baisses de taux à venir. "Nous agirons de manière appropriée pour soutenir l'expansion", affirme-t-il.

Après une baisse d'un quart de point des taux en juillet, la Fed procèdera ensuite à deux autres réductions similaires, en septembre et octobre - mais bien inférieures à ce qu'avait demandé alors Donald Trump.

Puis la pandémie intervient. Et tout bascule.

2020 : TOLÉRANCE ACCRUE À L'INFLATION

Pandémie oblige, Jerome Powell prononce son discours en distanciel dans lequel il présente une nouvelle approche de la politique monétaire accordant plus d'importance à la défense du mandat de la Fed en matière d'emploi et une tolérance accrue à l'inflation.

"L'emploi peut se situer à ou au-dessus des estimations en temps réel de son niveau maximum sans susciter d'inquiétude, à moins qu'il ne s'accompagne de signes d'augmentation indésirable de l'inflation ou de l'émergence d'autres risques", déclare le banquier central.

En septembre, la Fed met en place ce nouveau cadre qui représente un changement majeur pour la banque centrale américaine et sa politique de relèvement des taux d'intérêt.

L'objectif de stabilité des prix s'entendra désormais comme un taux d'inflation proche de 2% en moyenne à long terme, ce qui permet de laisser l'inflation fluctuer au-delà de 2% pendant un certain temps sans avoir à relever les taux.

Si cette politique a permis de soutenir la reprise économique post-pandémie, elle est aussi accusée d'avoir retardé la réaction de la Fed lors de la poussée inflationniste qui suivra dès l'année d'après.

2021 : L'ERREUR DE L'INFLATION "TRANSITOIRE"

Lors d'un nouveau discours en distanciel et malgré les signaux alarmants, Jerome Powell écarte les risques d'inflation, jugée "transitoire". Un mot qu'il regrettera vite d'avoir prononcé.

"Les chiffres actuels d'inflation élevée sont susceptibles de s'avérer transitoires (...) Si une banque centrale resserre sa politique en réponse à des facteurs qui s'avèrent temporaires, les principaux effets de cette politique sont susceptibles de se produire une fois que le besoin est passé", affirme-t-il alors.

"Aujourd'hui, avec une marge de manœuvre substantielle restant sur le marché du travail et la pandémie qui se poursuit, une telle erreur pourrait être particulièrement préjudiciable".

Résultat, la Fed maintiendra ses taux à un niveau proche de zéro jusqu'en mars 2022.

2022 : LUTTE IMPLACABLE CONTRE L'INFLATION

En pleine poussée inflationniste, Jerome Powell s'engage dans un court discours à tout faire pour lutter contre la hausse des prix, quel qu'en soit le coût.

"Le rétablissement de la stabilité des prix nécessitera probablement le maintien d'une politique restrictive pendant un certain temps", prévient-il.

Après les deux hausses de taux effectuées sur la première partie de 2022, la Fed procèdera à deux autres augmentations - de 75 points de base - sur l'année. La fourchette de taux des fonds fédéraux sera progressivement remontée par paliers pour atteindre 5,25% à 5,5% en juillet 2023.

2023 : DES HAUSSES DE TAUX TOUJOURS POSSIBLES

Après le relèvement drastique des taux, la pression s'atténue. Mais si Jerome Powell reconnaît des progrès dans la maîtrise de l'inflation, il laisse la porte ouverte à de nouvelles hausses des coûts d'emprunt.

"Nous procéderons avec prudence pour décider s'il faut resserrer davantage la politique monétaire ou, au contraire, maintenir le taux directeur à un niveau constant et attendre de nouvelles données", déclare-t-il.

Pendant plus d'un an, la Fed maintiendra ses taux dans la fourchette de 5,25% à 5,50%.

2024 : BAISSES DE TAUX À VENIR

De l'inflation, les risques se sont désormais déplacés de l'inflation vers l'emploi. Jerome Powell envoie un signal clair: des baisses de taux sont à venir.

"Ma confiance s'est accrue quant au fait que l'inflation est sur une trajectoire durable de retour à 2% (...) Nous ne cherchons pas et n'accueillons pas favorablement un nouveau ralentissement des conditions du marché du travail", affirme-t-il.

"Le temps est venu pour la politique de s'ajuster".

En septembre, la Fed réduira d'un demi-point de pourcentage ses taux directeurs. Suivront deux autres baisses lors des deux réunions suivantes cette année-là.

(Rédigé par Ann Saphir, version française Blandine Hénault)

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